Sandréo : toujours fringuant à 24 ans
567 : c'est le nombre de produits de Sandréo enregistrés à ce jour dans la base de données des Haras nationaux ; un chiffre qui impose un constat : le KWPN est l'étalon de dressage à avoir le plus reproduit en France, loin devant Sandro Hit (442 produits), Gribaldi (423 produits), Weltmeyer (417 produits), De Niro (408 produits), Jazz (297 produits), Donnerhall (286 produits), ou encore Don Juan de Hus (279 produits). Toujours fringuant, c'est au Haras du Feuillard que Sandréo profite de ses 24 printemps.
C'est à Herveld, petite bourgade de moins de 3000 âmes, que Sandréo naît le 11 juin 2000. Le petit bai est alors le premier poulain de Prettify, une fille de Flemmingh et Ahorn âgée de 3 ans ; une jeune jument donc, issue d'une lignée maternelle performante jusqu'aux épreuves 1m40 et dont un des frères prénommé Vouloir évolue en France en classique CSO et jusqu'en Pro 3. Pour ses débuts à l'élevage, Prettify est croisée avec Sandro Hit qu'il n'est plus franchement nécessaire de présenter, tant le Oldenbourg a modernisé et marqué l'élevage de chevaux de dressage ; une jument qui, croisée avec Tango donnait naissance en 2004 à Zappa que montait jusqu'en Pro 1 Vincent Guilloteau puis Victoria Saint Cast.
Après quelques temps passé dans la province de Gueldre, Sandréo est acquis par l'étalonnier Joop van Uytert, figure bien connue du KWPN qui découvrait aussi les Krack C, Vivaldi, Gribaldi pour n'en citer que quelques uns … En 2003, il le présente à l'approbation du studbook NRPS dont il devient vice-Champion. Sa valorisation est confiée à un trentenaire qui a fait des étalons sa spécialité : Hans Peter Minderhoud, encore fraîchement auréolé de ses titres de Champion du Monde acquis en 2002 et 2003 avec Rubels. Nous sommes en 2004 et le piquet de Hans Peter Minderhoud est aussi composé d'Uptown, vainqueur la même année de l'approbation du KWPN et de Florencio avec lequel il remporte le Championnat du Monde des 6 ans. Malgré des voisins d'écurie non moins talentueux, Sandréo réussit à se faire sa place : il remporte le Championnat hollandais des 4 ans et obtient dès 2004 sa labellisation par France Dressage avant de s'illustrer l'année suivante sur le circuit destiné aux étalons de son studbook.
Sa carrière sportive s'arrête temporairement là et l'élégant et racé bai se consacre à la reproduction. Il faut dire qu'il est approuvé aux studbooks KWPN, NRPS, Oldenbourg, Hanovrien, Westphalien et Selle Français : il a donc de quoi s'occuper. Dans l'Hexagone, ses produits remportent même en 2006 le Championnat de France des foals avec les victoires de Shenandoah, compétitif par la suite jusqu'en Pro 2, et Sambejah des Abeilles, idem en 2007 avec la victoire de Trésor des Frettes dans le Championnat des foals mâles. Après 7 ans de bons et loyaux services aux Pays-Bas, Sandréo est acquis par Valérie et Benoit Burban : le couple d'éleveurs basé au Haras du Feuillard cherche en effet un nouveau reproducteur pour dynamiser leur structure. Valérie et Benoît Burban expliquaient ainsi à Dressprod : « nous avons commencé à suivre Sandréo lorsqu’il a remporté la Pavo Cup pour les chevaux de 4 ans en 2004 et gagné la finale des étalons KWPN de 5 ans en 2005. Nous l'avions utilisé sur nos juments avant de l’acquérir et connaissions sa production qui remplissait nos critères de sélection : dans nos croisements, nous cherchons toujours à produire des chevaux avec une belle locomotion, qui ont un bon mental, faciles sous la selle et de manipulation, avec du chic et de la taille, du modèle mais surtout et toujours beaucoup de sang. Il faut des guerriers qui restent connectés avec le cavalier. »
4 ans après son arrivée dans l'Orne, Sandréo retrouve la compétition et ses terrains qu'il n'avait plus foulés depuis quasiment 10 ans ! L'année 2015 signe donc son retour par la grande porte sur les carrés, monté cette fois par la fille de la famille, Eugénie, alors âgée de 13 ans ; une saison marquée par une médaillée d'argent aux Championnats de France minimes et une médaille de bronze par équipe aux Championnats d'Europe Children de Vidauban qui lui permettait de conclure sa carrière internationale de la meilleure des manières.
Sandréo peut depuis compter sur ses descendants pour participer à sa promotion. Citons ainsi, sur le Grand Prix : Axel, avec qui Alexandre Ayache était réserviste de l'équipe de France des JO de Rio avant que le hongre ne soit commercialisé au Canada, Aleandro, monté jusqu'aux Championnats d'Europe de Göteborg par Grete Barake, Aswin, qui défendait les couleurs néerlandaises sur la Coupe des Nations de Hickstead, Ashwan, qui permettait à Getter Kangur de représenter l'Estonie jusqu'en Coupe des Nations, Awakening, avec qui la russe Tatiana Miloserdova participait aux Championnats d'Europe en 2017 et 2019 et aux Jeux Mondiaux de Tryon en 2018, Bandreo, aligné sur les Coupes des Nations d'Uggerhalne et Hickstead par Sara Gallop, Dolcetto avec qui Teresa Fickling concourrait aux États-Unis, Chili Bang Bang associé à Anni Rossy en Allemagne, ou encore sur le Petit Tour : Cleverboy monté par Nathalie Kayal, Fellow Rules, le hongre de Sophie Marchandeau, Frans Andreo II avec qui concourrait le suédois Mads Hendeliowitz, Andreo associé à Marisa Festerling, Balthasar avec Alexandra Schmidt, Biolita DN avec Anne Avenant, Benson S avec Heidi Degele, Bueno Hit avec Fie Christine Skarsoe et bien d'autres comme Alphaville NOP, Champion d'Europe, double Champion du Monde et vice-Champion Olympique par équipe en paradressage avec Frank Hosmar … ; une production importante que les éleveurs expliquent facilement « Sandréo a été le chouchou des éleveurs hollandais, allemands puis français. En France, selon les indices IDR de sa production, Sandréo s'est classé dans le Top 10 des meilleurs pères de gagnants en 2022 : en 2021, il était aussi le meilleur père de gagnants en cycle libre dressage par les gains. A l'échelle internationale, la World Breeding Federation for Sport Horses l'a classé dans le Top 30 des meilleurs pères de 2016 à 2019 mais aussi dans le Top 100 des meilleurs pères en CCE en 2018. Il compte certes 567 produits en France mais aussi 1238 aux Pays-Bas et des centaines en Allemagne ». Du côté de la seconde génération de sa production, on peut relever, sur le Grand Prix, Hyatt, avec qui la suédoise Tinne Vilhelmson Silfvén s'imposait cette saison à Wellington et participait au dernier CDI 4* d'Aix la Chapelle, Imme F, monté aux Pays-Bas par Philip van Ommen ou encore Edison que la hollandaise Laura Quint alignait jusqu'au Grand Prix après avoir participé aux Championnats d'Europe Jeunes Cavaliers en 2018.
En France, outre ceux déjà mentionnés, on peut évoquer : Sunrio du Kalmet, Séduction de la Folus, Bacardi AFP, Tobefree du Feuillard, Tac O Tac des Bayles, Burberry, Utshasky de Brève, Ultra Diwa, Don Juan, Vivacity de Malotithé, Vinci Deludie, Viens de Nulle Part, Extravagant H, Fjodor du Morillon, C'shanel Florentin, Donatello de Merindol, Ecume de l'Océan, Kinai du Rêve I, Fenomene de Villers, Gaia de Merindol, tous performantes sur à minima Amateur 1. « Le nombre d’étalons de dressage en France ayant sailli plus de 1000 juments rien qu’en France se porte à 1 et c’est Sandréo alors qu'il a parfois été dans l’ombre d’autres étalons très médiatisés... Il a malgré cela réussi à s'imposer face à cette concurrence sur le terrain de l’élevage de chevaux de dressage » précise le couple en poursuivant « nous avons constaté que plus les juments ont du sang, meilleurs sont les poulains ! Dans son carnet de bal, il n’a pas toujours eu que de belles juments mais finalement, il transmet toujours son modèle de « playboy ». Nous faisons naître tous les ans, une vingtaine de produits, dont des fils et filles de Sandréo qui sont vendus foals ou à 3 ans après débourrage. Les cavaliers venant essayer ses produits apprécient toujours leur facilité sous la selle et leur disponibilité. Le mental et la générosité sont des vrais critères de choix pour les cavaliers amateurs et professionnels ».
Bien que Sandréo continue de reproduire, ses fils et petits fils approuvés transmettent désormais à leur tour leurs qualités génétiques. On peut par exemple mentionner Adamo (x Pion), Sunliner (x Goodtimes), Bacio (x Zuidhorn), Bubble Up (x Jazz), B-Cephas d'Hathor (x Amsterdam), Springsteen (x Lord Sinclair I) et monté jusqu'au Petit Tour par Markus Gribbe, Climax M (x Gribaldi), Sagitta (x Rhodium), Gino (x Negro), Ieldorado van de Rib (x Wonderboy), Casandro JVR (x Charmeur), Justin (x Glock's Johnson) monté jusqu'au Petit Tour par Lotje Schoots, Gallardo SW (Bretton Woods), El Savador (Escolar).
Désormais âgé de 24 ans, Sandréo n’est toujours pas passé de mode malgré la forte concurrence qui règne sur le marché des étalons de dressage « il comptabilise encore une cinquantaine de saillies, une trentaine en France et une vingtaine à l'étranger, aux Pays-Bas, en Belgique, en Allemagne, et aux États-Unis. C'est très bien pour un étalon de dressage car la moyenne pour un étalon de dressage en France se situe autour des 20 saillies pour les plus demandés » précisent Valérie et Benoît Burban avant de conclure « il reste le roi de l’évasion… avec un physique de jeune homme ! Vous avez à peine tourné le dos qu’il a enlevé son licol. Voilà 15 ans qu’il partage notre vie, c’est notre étalon de cœur ! »
crédits photos : DR / FEI-Leanjo de Koster (Alphaville)