Alizée Froment : pourquoi finalement la voix est-elle interdite sur les rectangles de compétition ?
Ex-cavalière internationale, ex-entraîneur et sélectionneur de l'équipe de France Poney, vainqueur de la petite Finale des Championnats du Monde Jeunes Chevaux, pré-sélectionnée pour les Jeux Mondiaux de Caen, Alizée Froment est aussi une créatrice et une cavalière de spectacles accomplie ; un travail qui lui fit repousser toutes les limites de la relation cheval/cavalier. Pour Dressprod, elle s'interroge sur l'interdiction de la voix sur les rectangles de dressage.
"Pipelette de nature et de mère en fille depuis plusieurs générations, il est vrai que j’ai toujours eu cette tendance à parler beaucoup à mes chevaux. Quelques années plus tard, en découvrant le monde du travail en liberté, voilà que la tendance s’est fortement « aggravée » puisque, conservant mes habitudes d’appuyer le rythme recherché par des bruitages afin d’aider mes chevaux, à pied, à comprendre ce que j’attendais d’eux, à quelle vitesse et avec quelle énergie, j’ai peu à peu appliqué ces mêmes codes monté et m’en sers depuis au même titre que j'utilise mes jambes, mon dos, mon assiette ou mes mains.
J’ai découvert alors à quel point les chevaux étaient extraordinairement réceptifs aux codes vocaux. Une fois le mouvement compris, acquis et techniquement juste, la voix, utilisée à bon escient, permet d’affiner les détails, de rajouter un brin plus d’activité, un peu plus de rebond et, surtout, d’effacer petit à petit les autres aides au profit d’une équitation qui devient alors plus fluide et, je le crois, plus facile pour le cheval comme pour le cavalier. Alors que le cheval s’autonomise, il gagne à la fois en liberté d’action et en concentration, ce qui ne fait que renforcer le lien avec son cavalier qui, lui, peut s’alléger dans ses aides. Il en résulte donc un bénéfice clair des deux côtés qui permet une meilleure compréhension générale du couple.
Ce chemin m’a menée à me poser cette question : Pourquoi la voix, aide naturelle au même titre que le reste de notre corps et non artificielle, est-elle interdite sur les rectangles de compétition ? Bien sûr, il ne s’agit pas de pousser la chansonnette ni de lancer des décibels à n’en plus finir dans les airs, mais les codes vocaux accompagnent finalement si bien le reste de nos aides et les clarifie tellement que je ne comprends pas pourquoi nous en priver.
Si les aides artificielles, éperons ou sticks, peuvent permettre de masquer certains problèmes non véritablement résolus entre le cavalier et son cheval, ça n’est pas le cas de la voix qui ne fait que renforcer le message et appuyer le chemin pour que l’entente et la compréhension du couple en soient renforcées.
Une réflexion que je souhaitais partager puisqu’elle ne porte pas à polémique et mérite peut-être d’être au moins entendue car après tout, ce que nous recherchons tous, c’est à améliorer notre sport chaque jour … "
Alizée Froment
crédit photo : Anne Sophie Delattre
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